Le hameau de Veyrines sur la commune de Saint Symphorien-de-Mahun est situé sur un promontoire sur la rive droite du Nant, en haut Vivarais. De ce point, nous avons à la fois une vue dégagée sur le village de Saint-Symphorien, mais aussi sur la vallée du Nant plus en aval. Ce lieu-dit est caractérisé par la présence d’une église qui a la particularité d’avoir gardé un style roman pur. Le bâtiment n’a subi que peu de modifications architecturales contrairement à la plupart des édifices datant de cette époque.
Une première explication toponymique tirerait l’origine du nom de Veyrines de la faculté de ses premiers habitants, à travailler le verre, et ce dès l’antiquité romaine. Une seconde version qui semble plus probable fait remonter son origine au latin veterina, pluriel de veterinus signifiant « bêtes de somme » et désignant un élevage. Veyrines se trouvait d’ailleurs sur un chemin muletier allant de la vallée du Rhône au Puy-en-Velay. L’histoire de ce hameau est intiment liée à celle de son église qui a fait partie d’un prieuré.
La première mention de Veyrines date de 955-983 dans un acte de l’abbaye de Saint-Chaffre qui procède à des échanges de terres avec plusieurs personnes dont l’une d’elle semble être le seigneur d’Argental. C’est près de cent ans plus tard, aux alentours de 1090, qu’Aymon Pagan, seigneur de Mahun fait don à l’abbaye de Saint Chaffre du Monastier (Haute-Loire) de l’église Sainte Marie de Veyrines et de terres. Son fils Foulques en est le moine. C’est sur les bases de cette église qu’est construite une nouvelle église qui nous est parvenue aujourd’hui, et dans les terres attenantes qu’est construit le prieuré. Le cartulaire de Saint Chaffre reprend plusieurs chartes concernant Veyrines.
Anne Baud dans sa récente étude sur le prieuré de Veyrines distingue 3 périodes marquantes de la vie du prieuré. La première concerne la période faste du prieuré entre la fin du XIe siècle et la première partie du XIVe siècle, au cours de laquelle il constitue un large domaine foncier, avec un rayonnement important au travers d’impôts (cens, fermes, rentes ou tenures emphytéotiques) collectés sur des terres situées sur Saint Symphorien de Mahun, Préaux, Satillieu, Vocance, Le Monestier, Saint Pierre des Macchabées (aujourd’hui Saint Pierre sur Doux)… Pendant cette période, les conflits d’intérêt entre les seigneurs de Mahun et les prieurs de Veyrines apparaissent, et plusieurs actes de cette période reprécisent les prérogatives de chacun. La seconde période concerne le rattachement du prieuré de Veyrines à celui de Macheville (sur la commune de Lamastre), et ce suite à la disparition de la famille Pagan, protectrice du prieuré. En effet, alors que le prieuré avait compté peu avant sa chute un prieur, quatre moines et un prêtre, l’acte de rattachement de 1382 nous apprend que personne ne désert le culte depuis près de 40 ans. La compagnie des Jésuites, créée en 1540, installe rapidement des écoles dans les centres religieux, et notamment au Puy en Velay. A la fin du XVIe siècle, les Jésuites s’installent à Macheville et Veyrines afin de les administrer. La troisième période concerne l’abandon du prieuré qui semble avoir lieu dès le début du XVe siècle, puisque c’est le curé de Saint Pierre des Macchabées qui vient officier à Veyrines. C’est pendant cette période que Jean-François Régis, jeune Jésuite est envoyé en mission pour évangéliser le Vivarais et le Velay. En 1640, sur le chemin de Lalouvesc, il s’égare à Veyrines et semble ne trouver que des ruines pour s’abriter et passer la nuit. Celui que nous connaissons aujourd’hui comme le Saint de Lalouvesc, rejoindra sa destination le lendemain et succombera des suites de cette nuit 2 jours plus tard.
La présence de Jésuites dans ce prieuré a été une chance, pour les généalogistes amateurs que nous sommes. En effet, les personnes ayant des ancêtres sur Veyrines ou ses alentours ont la possibilité de consulter de nombreux terriers2 que les Jésuites ont eu grand soin de recopier pendant leur séjour. Aujourd’hui aux archives départementales du Puy en Velay3, dans les archives de l’école des Jésuites du Puy, sont disponibles tout ou partie des terriers de 1302, 13324, 14045, 1519, 1602, 1656, 1713 et 1748-49. Une telle richesse de documents d’une période aussi longue et aussi éloignée est assez exceptionnelle. Ces documents permettent avant tout de retrouver au travers de listes nominatives les personnes ayant vécues dans ces terres du Haut Vivarais, mais nous renseignent également sur leurs possessions immobilières.
La paroisse fut supprimée lors du concordat de 1801, et rattachée à celle de Saint Symphorien de Mahun. En 1939, l’église est classée Monuments Historiques.
En 1951, les arbres ayant poussés dans la nef, en l’absence de toiture, un nouveau toit est réalisé afin de sauver l’édifice et d’éviter qu’il ne devienne définitivement une ruine. En 1966, une association est fondée par des personnalités ardéchoises soucieuses de restaurer et redonner vie à l’église. François Malartre prend la présidence de cette association qui se nomme « Les amis de Veyrines ». Des travaux urgents sont ainsi réalisés : décroutage de la nef, restauration des portes, dallage du sol, dégagement des abords de l’église, construction d’un mur de pierre ceinturant l’ancien cimetière …