La galette de l’Epiphanie : une origine médiévale ?

Quelle est l’origine de la galette des rois ou galette de l’Epiphanie ?

La réponse peut paraître claire de prime abord, car la galette semble provenir en lieu directe de la religion romaine. Mais revenons aux origines de la fête de l’Epiphanie pour essayer de retracer de manière un peu plus précise la relation entre la galette et cette manifestation religieuse.

Si nous remontons à la racine étymologique nous retrouvons le mot grec « epiphanios » qui signifie « illustre, éclatant ». L’Epiphanie représente initialement la fin d’un cycle solaire qui a débuté 12 jours plus tôt lors du solstice d’hiver (autour du 25 décembre) avec la nuit la plus longue de l’année. Alors qu’au début de ce cycle du calendrier solaire les journées ont commencé à s’allonger peu à peu, à partir du 6 janvier leur durée commence à croitre de manière beaucoup plus importante. Ce jour là, les grecs anciens clôturaient de manière festive la fin du cycle des 12 jours consacrés à la renaissance de la lumière et la manifestation du soleil. Ces 12 jours dits épiphanes correspondent pour chacun d’entre à l’un des 12 dieux de l’Olympe apparus aux homme.

Semblables à ce cycle festif grec, les Saturnales dans la Rome Antique se déroulaient du 17 au 23 décembre permettant de célébrer le « crépuscule de l’Année » ainsi que la victoire du jour sur la nuit. Ces fêtes en l’honneur du dieu Saturne se traduisaient par un inversion des barrières sociales (maîtres et esclaves inversant leurs rôles, dans une certain mesure) : organisation de repas de fêtes avec accueil de nombreux convives, échanges de cadeaux, figurines offertes aux enfants et suspendues au seuil des maisons, décoration de l’intérieur des maisons avec de la verdure (houx, gui, lierre…). Au début ou à la fin des Saturnales, selon l’époque, au sein de chaque famille élargie (avec esclaves de maison, serviteurs et autres dépendants, parents pauvres…), une fève présent dans un gâteau permettait à celui, parmi les humbles, qui l’avait trouvé de devenir pour la journée « Saturnalis Princeps ». Ce prince des Saturnales ou du désordre pouvait alors pendant tout le reste de la journée exaucer tous ses désirs : dire leurs quatre vérités à son « patron », se faire servir par ses maîtres….

« Les Saturnales ou l’Hiver » huile sur toile d’Antoine François Callet – ©Château de Compiègne

De plus en plus présent dans la vie des populations romanisées de l’ouest de l’Europe à partir du IVème siècle, le christianisme via ses élites épiscopales et monastiques et dans le cadre de ses alliances avec les pouvoirs royaux, christianise les anciens rites religieux tout comme les anciens lieux sacrés. Issue de la tradition orientale du christianisme, l’Épiphanie est jusqu’à la fin du IVème siècle, la seule grande fête chrétienne « de la manifestation du Christ dans le monde ». Ainsi des pères de l’Eglise tel Saint Jean Chrysostome avaient déjà rassemblé en une seule journée les commémorations de trois événements de la vie de Jésus que sont l’Adoration des Mages, le Baptême dans le Jourdain et les noces de Cana, lors de la fête de la Théophanie le 6 janvier.
Dès le XIIème siècle il est établi que dans le cadre de la liturgie de l’Eglise Catholique ces trois événements sont rassemblés et commémorés sous le nom d’Epiphanie. La piété et l’art chrétien médiévaux ayant avant tout privilégié l’Adoration des Mages, ainsi que les traditions festives issues des saturnales perdurant, le gâteau permettant le tirage au sort du Roi de la fête est alors devenu la galette des Rois Mages. Mais la tradition romaine perdure sur deux points : la galette est toujours ronde en hommage au soleil fêté lors de saturnales, il existe toujours un Roi et/ou une Reine désignés grâce à une fève cachée dans le gâteau !


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