Une église paroissiale désertée
Toujours consacrée au début du XXème siècle, l’église Sainte-Marie de Veyrines est à l’abandon, car la paroisse pauvre de Saint-Symphorien-de-Mahun qui manque de moyens a déjà un autre lieu de culte à entretenir : l’église de Saint-Symphorien située dans le chef-lieu de la commune.
Les fidèles abandonnent également cette église dans laquelle le culte catholique est devenu rare, d’autant plus que Veyrines et plus globalement toute la commune de Saint-Symphorien-de-Mahun connaissent un fort exode rural (chute de 978 habitants en 1861 à 760 en 1906).
La grande guerre (1914-1918) et son hécatombe de jeunes hommes (une cinquantaine de mobilisés sont décédés) accélère ce phénomène de désertification rurale puisque la commune ne compte plus que 491 habitants en 1931. La municipalité peut d’autant moins supporter la charge financière de l’entretien de deux églises qu’elle a un budget très faible. De même l’Evêché ne peut consacrer de budget à maintenir en état une église très peu utilisée depuis plusieurs décennies, alors qu’il doit construire de nouvelles églises dans les villes ardéchoises en pleine croissance.
L’église classée Monument Historique
Dès les années 1920 un inspecteur des Monuments Historiques avait noté l’intérêt de l’église Sainte-Marie de Veyrines bien que difficile d’accès et très abîmée. Il l’a faite inscrire à l’inventaire des M.H. en octobre 1929, sans que les travaux prescrits ne soient effectués faute d’argent.
L‘architecte en chef Albert Chauvel alerte en 1931 et en 1936 les responsables du service des Monuments Historiques de la dégradation continue de l’église (maçonnerie dégradée, effondrement partielle de la toiture de la nef…). Les ressources financières dégagées à cette époque par la commune et la paroisse pour réparer la toiture étant insuffisantes, aucun travail n’est engagé.
Le classement de l’église de Veyrines le 18 Janvier 1939 en tant que Monument Historique ne change rien à la situation, d’autant plus que quelques mois plus tard la France entre en guerre. Les nouvelles recommandations de travaux urgents datant de 1944 ne peuvent non plus être prises en compte.
Un rapport d’un délégué au recensement des Monuments Historiques en date du 6 octobre 1947 fait état d’une église romane classée « qui s’écroule littéralement, plus de toit sur la nef et le portail porte à faux ».
