Membre active durant de nombreuses années des Amis de Veyrines et présidente de l’association pendant un temps, Elyane Gastaud a été une autrice prolifique d’origine ardéchoise parallèlement à sa carrière de professeure d’espagnol à Lyon.
Issue d’une famille annonéenne et résidant l’été à Préaux, Elyane Gastaud à beaucoup écrit sur ses racines familiales dans le Haut-Vivarais, sous forme de poèmes, de contes et de récits ainsi que d’un roman.
Publié en 2005 par les Editions des Traboules, le roman « Mémoires d’un châtaigner » a obtenu la même année le prix Eugène Villard du Conseil Général de l’Ardèche.


Préface de Paul Gravillon de l’Académie de Lyon :
« Voici le premier roman d’un auteur qui a déjà une oeuvre derrière lui : poésie, théâtre, contes, nouvelles, essai… Elyane Gastaud a plus d’un tour dans sa « langue » : nous devrions plutôt parler de langues au pluriel car cet écrivain, ce poète, cette musicienne, cette femme en un mot, a la passion des grandes cultures, celle de Shakespeare et de Lope de Vega, bien sûr, mais aussi d’Homère et d’Ovide, des civilisations non écrites, qu’il s’agisse du parler des terroirs – ou l’on entend les vents, les eaux et les oiseaux, les cris des bêtes et l’appel des bergers – ou qu’il s’agisse des traditions secrètes et sacrées que tels de ses personnages, avec la divination d’archéologues à l’infinie patience, retrouvent et font surgir de leur tombeau d’argile, ou du fouillis des forêts ensauvagées, sous forme de pierres taillées, de poteries peintes et d’objets ciselés, ou plus près de notre histoire, avec l’intuition aux aguets d’une obscure mémoire familiale, dénichent dans un trou de mur ou un recoin, sous la forme émouvante d’un journal intime interrompu aux poèmes et chansons oubliés. Une curiosité attentive aux millénaires qui rejoint tout naturellement celle des derniers fils et filles de dynasties rurales ou l’aristocratie et la paysannerie ont mêlé leurs rameaux dans la continuité des siècles en dépit des drames, et parfois des tragédies, sans parler de cette quotidienne lutte pour la vie dont Elyanne Gastaud aime à chanter l’énergie et le courage au long des générations qui ont su conquérir, aimer, défendre et féconder leur terre et leur territoire, tout spécialement ici ceux du Haut-Vivarais, sa « patrie », symbolisée par un arbre qui vaut tous les cèdres du Liban : le châtaignier
Le grand témoin de cette longue histoire, c’est en effet le châtaignier dont la mémoire est à la fois tendre et délicate comme le fruit, et d’une robustesse hérissée qui le protège et le défend de tous les mauvais coups de la nature et des hommes quand ils se liguent et se déchaînent pour tout détruire. Car il y a ce livre, avec la passion amoureuse pour une terre ancestrale aussi splendide, une colère nourrie et vivifiante contre la barbarie rampante d’une technocratie moderne aussi bête qu’irresponsable dont nos sociétés nous apportent chaque jour les méfaits : il n est pas trop de toute la sève et du sang vivarais pour en affronter l’inertie militante et la cingler comme il faut ! C’est depuis longtemps contre cette armée de nains qu’Elyane Gastaud se bat: sa plus belle arme, et la plus redoutable, est encore cette poésie vigoureuse et savante qu’elle sait si bien affûter pour l’occire et, du même coup, balayer de si beaux horizons tous les miasmes, idéologiques, chimiques, institutionnels et mercantiles qui nous empoisonnent jusqu à l’os !
Que l’on imagine pourtant pas ce roman livré à la seule virulence : il chante, il conte, il raconte, il évoque, il touche, il aime, il se souvient… Avec lui nous partageons, au long des saisons et des âges, bonheurs et malheurs de familles où fleurissent, au fil des naissances et des morts, de beaux caractères, d’émouvantes destinées ou de douloureux destins : femmes fortes et coeurs sensibles au même courage, clans accrochés à la terre qui savent lutter sans se plaindre mais aussi engendrer des poètes, des musiciens et, aujourd hui, des universitaires et des chercheurs qui, nous en sommes sûr – l’auteur de ce livre en est un remarquable exemple (et nous avons aimé le retrouver dans tel ou tel de ses personnages) – resteront dignes de cette civilisation plus gauloise que latine, plus celtique que provençale, en un mot « singulière » au sens le plus fort et le plus riche de ce mot. Un mot qui pourrait bien résumer ce roman si justement placé sous le signe d’un arbre dont l’auteur nous rappelle qu’il est, dans le langue de Virgile, du genre féminin… Il nous promet alors – et nous le souhaitons vivement – d’autres récoltes, aussi roboratives et savoureuses que ce premier roman ! »
En savoir plus sur
Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.
