Extrait du livre de raison de Jacques Mouly (1788 – 1856) propriétaire à Champavère (Saint-Symphorien-de-Mahun), à propos de l’impact à Satillieu, Lalouvesc et Saint-Symphorien-de-Mahun des événements historiques que furent les Cent-Jours et le rétablissement de la royauté.
Contexte historique :
Jacques Mouly s’étend largement dans son livre de raison sur les faits politiques et historiques s’étant déroulés en 1815, dans les vallées du Nant et du Malpertuis, durant les convulsions de la fin du Ier Empire et des débuts de la Restauration.
« Bonaparte quitte l’île d’Elbe le 26 Février, il débarque à Cannes le 1er Mars, et dès le 10 il était déjà maître de Lyon, enfin il entra à Paris le 20 Mars. Le Maréchal Nez et autres le joignirent dans sa marche. Le Roi se retira à Gand avec son auguste famille. Le Duc d’Angoulème tachait de rallier les royalistes dans le midi. Mais le Général Grouchy paralysa ses efforts; dès le 6 Avril le Duc d’Angoulème était déjà au dessus de Valence avec son armée (De Champavere on entendait le son du canon). Il invitait par sa proclamation, les royalistes à le joindre. Toutes les communes faisaient des propositions pour former des détachements volontaires, et notamment celle de La Louvesc, qui se disait plus royaliste que les autres, pour faire comme l’on dit vulgairement, beaucoup de bruit et peu d’effet. Tous les moyens furent inutiles, le Duc d’Angoulème capitula avec le Général Grouchy et s’embarqua à Sète le 16 Avril. Clauzel avait de même forcé la Duchesse d’Angoulème à quitter Bordeaux et à s’embarquer.

Dessin ancien (avant 1850) du village de Satillieu – © Patrimoine historique de Satillieu
Le 29 Juin les royalistes de La Louvesc descendirent le drapeau tricolore du clocher de leur paroisse, l’étendirent sur le chemin, et y firent passer dessus la procession de Satillieu qui s’était rendue ce jour là en pèlerinage à La Louvesc. On arbora le drapeau blanc dans toutes les communes.
Un détachement de l’armée autrichienne d’environ 3000 hommes, dont la majeure partie était des Croates, arriva à Satillieu dans la soirée du Samedi 26 Août 1815, au grand étonnement de tout le monde ; Ils y répandirent la terreur. Les autorités de Satillieu furent très maltraités par les chefs de cette troupe, Ils n’épargnaient personne si on ne leurs donnait promptement ce qu’ils demandaient.
Ils frappaient tout le monde à coup de cane et notamment les messieurs. Ils furent à la charge du canton durant trois ou quatre semaines (pendant cet intervalle, je n’ai jamais été un jour tranquille chez moi, j’ai été très fatigué à ce sujet ; Mais heureusement je n’y ai jamais été outragé par aucun de cette troupe). La commune de St Symphorien a été obligée, ainsi que les autres communes du canton, de contribuer pour l’entretien de cette troupe, qui aurait ruinée le canton si elle y eut restée longtemps. Nous avons fatigué nos administrés pour fournir différents comestibles ; car personne ne se pressait pour donner. Nous étions cependant très heureux de les avoir loin de nous. J’ai fournis moi même une vache. Un caporal avec une huitaine de soldats se présentèrent au Buisson, chez M. le Maire, pour demander une réquisition en comestibles.
Les royalistes de La Louvesc ne furent pas plus épargnés que les autres communes, Ils furent même traités plus rigoureusement. Les troupes qui étaient à St Bonnet, firent des réquisitions en comestibles sur la commune de La Louvesc ; ceux ci se virent donc, pour un moment, contraints de fournir pour ceux de St Bonnet et de Satillieu.»
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