La Révolution : expédition de gardes nationaux à Lalouvesc

Extrait du livre de raison de Jacques Mouly (1788 – 1856) propriétaire à Champavère (Saint-Symphorien-de-Mahun), sur une expédition armée de révolutionnaires jacobins à Lalouvesc pour mettre fin au culte de Saint Jean-François Régis.

Contexte historique :
Dans le cadre de la politique de déchristianisation de la révolution (1793-1794), dans les centres urbains ardéchois ont d’abord été pourchassés les prêtres refusant d’être fonctionnaires de la Révolution. Dans un deuxième temps ont suivi l’interdiction des processions par les révolutionnaires montagnards, puis l’abolition du culte catholique souvent accompagnée de la profanation et du pillage des églises. Pour faire appliquer ces mesures dans les campagnes souvent réfractaires, certains gardes nationaux ont accompagnés les révolutionnaires montagnards dans les villages, dont la population refusait la mise à sac de son église et la déportation de son prêtre.

Gravure ancienne (avant 1850) du village de Lalouvesc – © Commune de Lalouvesc


« Vers la fin de cette année (1794), une bande de brigands, d’environ soixante, se disant garde national d’Annonay et de Serrières, se rendirent à La Louvesc dans la nuit. M. Bilhot, prieur et curé n’eut que le temps de se retirer de sous un toit , où il resta plus de deux jours sans secours. Ces brigands burent et mangèrent à la cure jusqu’à ce qu’ils perdirent la raison ; Ils dévastèrent l’église, emportèrent la chasse d’argent où était les restes du corps de Saint Régis, croyant d’emporter ces précieuses reliques ; Mais ils se trompèrent. De La Louvesc ils se rendirent à Saint Symphorien, par le chemin vicinal de Champavere, Ils étaient encore ivres, chargés de ce qu’ils avaient volés dans l’église de La Louvesc, jetant par terre ce qui les fatiguait ; On trouva près le dit lieu de Champavere, plusieurs contre poids de lampes en plomb. Sur le soir le Maire de Saint Symphorien leur donna des billets de logement, deux de ces brigands furent adressés à Champavere. Le lendemain ils voulaient contraindre M. Polly, maire, de porter la statue de Saint Régis à Annonay ; Mais celui-ci leurs répondit avec fermeté, qu’il n’était pas crocheteur. Ils croyaient sans doute de commettre les mêmes sacrilèges dans l’église de Saint Symphorien en la pillant comme celle de La Louvesc ; Mais il n’y trouvèrent rien ; On avait eu soin de cacher tout ce qui aurait pu faire. »


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