Suite de l’interview de l’haubergier Peter Krause installé dans la maison de Marcel depuis juillet 2023. Il a généreusement fournit les photos (©Peter Kraus) permettant d’illustrer cet interview.
Avez-vous fais des études en relation avec votre métier ?
J‘ai réalisé des études d’histoire contemporaine car c’était une discipline qui m’intéressait mais je n’ai pas eu de passion précoce pour le Moyen-Age.
Quel est votre parcours professionnel ?
J‘ai tout d’abord été conseiller historique pour la réalisation de docu fictions. J’ai ensuite évolué vers les métiers d’assistant de réalisation puis de réalisateur de documentaires historiques. Dans le cadre d’un documentaire relatif au Moyen-Age je suis entré dans le monde de la reconstitution historique.
Virage professionnel en 2015 avec les débuts de l’apprentissage en autodidacte et avec l’aide d’ouvrages historiques du métier d’haubergier, avec une volonté de travailler à la main en recourant le moins possible à l’industrie.

Qu’est ce qui vous a conduit à devenir haubergier ?
A partir de l’entrée dans le monde de la reconstitution médiévale se sont nouées des relations amicales qui m’ont donner envie d’apprendre et de pratiquer ce métier. Par ailleurs à la passion de la recherche d’informations (travail avec des archéologues, lectures d’enluminures, de sculptures et de textes médiévaux, études de pièces de musée…) s’ajoute l’intérêt pour le travail artisanal avec la possibilité de fabriquer de ses mains des objets complexes.
La fabrication de pièces de protection corporelle sur mesure sur la base d’informations rares voire inexistantes ne relève pas de la reconstitution mais de l’interprétation. Mon expérience passée de combattant en AMEH (Arts Martiaux Historiques Européens), ma collaboration avec des chercheurs, des artisans spécialisées et des reconstituteurs, ma lecture des textes médiévaux spécialisés (manuel d’arts du combat « Flos Duellatorum ») permet d’interpréter au plus prêt ce qu’on pu être certaines pièces d’armure au Moyen-Age.

Avez-vous suivi des formations pour apprendre à travailler le métal ?
J‘ai pratiqué uniquement de l’auto-formation sur la base de lecture de nombreux textes médiévaux et d’articles de recherche archéologique, d’études de représentations iconographiques (enluminures…), de sculptures (gisants…) ou d’éléments architecturaux (chapiteaux…) ainsi que beaucoup de pratique.
En complément j’ai effectué des stages auprès de professionnels pratiquant des métiers complémentaires à la profession d’haubergier : forgeron, batteur d’armures…

Est-ce uniquement la passion qui conduit à pratiquer un métier médiéval ?
Je pense que c’est effectivement la passion qui conduit à exercer de type de métier.
En ce qui me concerne c’est le mariage entre l’intellect et le travail manuel qui m’a guidé vers le métier d’haubergier. L’on pourrait traduire cela par l’alliance entre la théorie et la pratique..
En quoi consiste actuellement le métier d’haubergier ?
Artisan d’histoire est la meilleure définition du métier d’haubergier, car cela conduit non pas à reconstituer des objets du passé mais à en interpréter à la fois les caractéristiques physiques et les modalités de fabrication.

L’haubergier actuel pratique t-il l’archéologie expérimentale ?
L‘interprétation tendant vers la reconstitution peut être définie comme relevant du domaine de l’archéologie expérimentale. De plus les retours d’information des combattants sont très intéressants car ils permettent d’analyser les effets des coups sur une protection personnelle en mailles, les contraintes liées aux besoins an matière de combat et de déplacement….
Ainsi j’ai reconstitué un boléro italien du XIVème siècle doté de manches en mailles raccordées par des pièces textiles couvant le dos et le buste. Les manches de cette pièce de protection sont destinées à recouvrir des canons de bras. Il s’agit ici véritablement d’archéologie expérimentale, puisque pour réaliser cette pièce sur la base d’une unique représentation iconographique un véritable travail de recherche a été nécessaire : fonction de la pièce d’armure, statut social du destinataire, mode de fabrication…

Quelles sont les sources d’information techniques d’un haubergier actuel ?
Les principales sources sur le plan technique sont de trois ordres :
– travail en collaboration avec des métiers complémentaires (batteurs d’armures…),
– recueil d’informations auprès de chercheurs universitaires, de conservateurs de musée…
– retours d’expérience de combattants et de reconstituteurs médiévaux…
Pour quels types de structures travaille un haubergier au XXIème siècle ?
A l’époque actuelle un haubergier travaille pour quatre types d’acteurs dans le domaine médiéval :
– troupes de reconstitution historique,
– combattants pratiquant les Arts Martiaux Historiques Européens,
– musées consacrés au Moyen-Age,
– collectionneurs à la recherche d’une pièce d’armure manquante ou complémentaire..

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